
Historiquement positionnée sur l’or, la multinationale Barrick Mining, via sa filiale Kibali, entame une nouvelle aventure cuprifère en République démocratique du Congo. Une exploration lancée dans le Haut-Katanga, qui illustre sa volonté de devenir un acteur incontournable du cuivre en Afrique centrale.
En effet, à l’occasion de la 20ᵉ édition de la DRC Mining Week, une annonce a retenu l’attention des experts du secteur : l’arrivée progressive de Barrick Mining dans le cuivre congolais. Une transition stratégique révélée par Cyrille Mutombo, Directeur général de Kibali Barrick en RDC, lors d’une session dédiée à l’avenir du secteur extractif africain.
De l’or au cuivre : une mue stratégique
Connue pour sa mine d’or géante de Kibali, dans le Haut-Uélé, Barrick trace désormais sa route vers le Sud-Est congolais, région riche en cuivre et en cobalt. « Nous ne sommes pas encore à l’exploitation, mais l’exploration a débuté. Nous suivons toutes les étapes du cycle minier », a précisé Cyrille Mutombo, confirmant que des opérations préliminaires sont en cours dans le Haut-Katanga.
Cette initiative marque un virage stratégique pour le groupe, jusque-là quasi exclusivement positionné sur le métal jaune. Le changement de nom — de Barrick Gold à Barrick Mining — en est le symbole le plus visible, incarnant une volonté de diversification globale. En parallèle à ses activités en RDC, Barrick explore également de nouveaux gisements en Zambie, en Arabie Saoudite et en Amérique latine.
Une réponse à la transition énergétique
Au cœur de cette mue, un métal devenu hautement stratégique : le cuivre, désormais considéré comme l’un des piliers de la transition énergétique mondiale. Utilisé massivement dans les énergies renouvelables, les batteries et les réseaux électriques intelligents, le cuivre est à l’ère verte ce que le pétrole fut à l’ère industrielle.
La RDC, deuxième producteur mondial de cuivre en Afrique après la Zambie, devient ainsi une terre convoitée. Et Barrick ne compte pas laisser passer l’opportunité. En misant sur le Haut-Katanga, l’entreprise s’ancre dans une province clé, dotée d’infrastructures minières solides, d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un tissu industriel en mutation.
Ancrage local, vision continentale
L’arrivée de Barrick dans le cuivre congolais ne se limite pas à un pari géologique. C’est aussi une réponse à l’appel à la transformation locale des ressources, martelé par les autorités congolaises. Dans son discours d’ouverture à la DRC Mining Week, le Ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a rappelé la nécessité de « transformer les minerais sur le sol congolais pour créer de la valeur et des emplois ».
Barrick, qui jouit d’une solide réputation en matière de conformité et de développement durable, pourrait donc jouer un rôle catalyseur dans la nouvelle gouvernance minière prônée par Kinshasa.
À suivre de près
Si l’exploration n’est qu’une première étape, elle ouvre la voie à une présence renforcée de Barrick dans l’un des secteurs les plus dynamiques du continent. Dans une période marquée par des tensions géopolitiques sur les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques, l’ancrage en RDC apparaît comme un atout stratégique de long terme.
Reste à savoir comment le géant minier articulera ses ambitions cuprifères avec les impératifs locaux, en matière d’environnement, de responsabilité sociale et de partage des bénéfices. Les mois à venir seront décisifs pour mesurer l’ampleur de cet engagement.
La Rédaction