Cobalt : La RDC prolonge la suspension des exportations jusqu’en septembre 2025


Le cobalt congolais restera encore sous embargo. L’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) a officiellement prolongé, par communiqué n°2025/003, la suspension des exportations de cobalt pour trois mois supplémentaires. Cette décision prolonge une mesure initialement prise en février 2025, dans un contexte de crise aiguë sur les marchés mondiaux.

Une réponse à la crise des prix

Le 22 février dernier, la RDC avait décrété un gel total des exportations de cobalt — industriel, semi-industriel et artisanal — pour une durée de quatre mois. Objectif : endiguer l’effondrement des cours, tombés à 10 $/livre, leur plus bas niveau depuis près d’une décennie, et tenter de rééquilibrer un marché mondial saturé.

À travers cette initiative, Kinshasa entend protéger sa rente stratégique, dans un pays qui représente environ 75 % de la production mondiale de cobalt, composant-clé pour la fabrication de batteries électriques.

La nouvelle échéance fixée au 15 septembre 2025 n’est pas définitive. L’ARECOMS se réserve le droit de lever, reconduire ou ajuster la mesure en fonction des résultats du dialogue en cours sur l’instauration de quotas d’exportation, censés encadrer durablement la filière.

Tensions chez les opérateurs

Les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Le géant Glencore, opérant notamment dans le Lualaba, a déclaré un cas de force majeure sur certaines livraisons, tout en soutenant la mise en place d’un mécanisme de quotas.

En revanche, son concurrent CMOC (China Molybdenum Company), premier producteur mondial, milite pour une levée immédiate de l’interdiction, estimant que la mesure pourrait créer une pénurie chez les fabricants asiatiques de batteries.

Sur les marchés, les effets se sont fait sentir dès mars : +20 % à Londres, +30 % en Asie. En mai, les prix ont grimpé à 15,80 $/livre, portés par une rareté organisée qui a redonné un peu d’oxygène à la filière.

Une stratégie de transformation locale

Cette suspension ne s’inscrit pas seulement dans une logique conjoncturelle, mais aussi dans un agenda structurel. Kinshasa ambitionne de formaliser la production artisanale, via une montée en puissance de l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC), et de développer le raffinage local, pour ajouter de la valeur sur place.

Si la stratégie congolaise vise à maximiser les retombées nationales, elle n’est pas sans conséquences. Certains analystes soulignent les pertes fiscales potentielles, les risques pour l’emploi artisanal, et la pression diplomatique croissante des acteurs étrangers dépendants de l’approvisionnement congolais.

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