
Coup de théâtre au Conseil d’État. La haute juridiction administrative a annulé l’arrêté du Vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, qui avait écarté Joyce Tunda Kazadi de la tête de la mairie de Lubumbashi. Par son arrêt rendu jeudi 17 juillet 2025, le Conseil d’État a réhabilité Joyce Tunda Kazadi dans ses fonctions de Maire ad intérim de la capitale économique du Haut-Katanga, avec effet immédiat.
Une bataille politico-administrative
La décision met un terme – provisoirement du moins – à une bataille administrative qui opposait Kinshasa et l’exécutif local. Joyce Tunda Kazadi, dirigeait la mairie par intérim depuis 2024, après l’élection de son titulaire Martin Kazembe Shula au poste de vice-gouverneur.
Mais, contre toute attente, un arrêté ministériel signé en mars 2025 par Jacquemain Shabani avait nommé Patrick Kafwimbi Maire a.i, suscitant de vives contestations, en reléguant Joyce Tunda à ses fonctions de maire adjoint. Saisie en urgence, la haute juridiction a tranché en faveur de la militante de l’UDPS, estimant que cette nomination était entachée d’irrégularités.
Un bilan déjà marqué par des réformes urbaines
À la tête de Lubumbashi, Joyce Tunda Kazadi s’est forgé l’image d’une gestionnaire rigoureuse. Réorganisation des parkings pour désengorger le centre-ville, démolition des constructions anarchiques, notamment sur une concession de la RVA en mars dernier, lutte contre les occupations illégales des espaces publics : autant d’initiatives qui lui ont valu le soutien d’une partie de la population.
Elle s’était également illustrée par la promotion de l’entrepreneuriat local, un volet de son programme de modernisation urbaine qu’elle n’a jamais cessé de défendre.
Une décision aux implications politiques
La décision du Conseil d’État est saluée par de certains militants de l’UDPS, qui voient dans cette réhabilitation un signal fort en faveur de l’État de droit. Mais elle met aussi en lumière les tensions persistantes entre le ministère de l’Intérieur et certaines autorités locales.
Reste à savoir si cette décision sera exécutée sans heurts. Patrick Kafwimbi, toujours en poste au moment de l’annonce, n’a pas encore réagi officiellement. Quant à Jacquemain Shabani, c’est à lui qu’il revient désormais de faire appliquer une décision qui contredit son propre arrêté.
Quelles perspectives ?
Joyce Tunda Kazadi devra désormais composer avec des attentes élevées. Lubumbashi, carrefour minier et deuxième ville du pays, a besoin d’une gestion moderne pour accompagner son expansion économique.
Mais, en coulisses, l’incertitude persiste. La bataille administrative est-elle réellement close ou ne fait-elle que commencer ? Les prochaines semaines diront si cette réhabilitation marque un véritable retour à la stabilité ou un simple épisode d’un feuilleton politico-judiciaire encore loin de son épilogue.