
Une page s’est tournée, une autre s’écrit avec espoir. En élisant la Révérende Mujinga Kashala à l’épiscopat lors de sa Conférence centrale tenue à Kitwe, en Zambie, l’Église Méthodiste Unie (UMC) a franchi un nouveau cap dans son histoire africaine. À 59 ans, cette pasteure chevronnée devient la deuxième femme évêque du continent, mais surtout la toute première dans l’ex-Conférence centrale du Congo – désormais appelée Conférence centrale d’Afrique centrale.
Une élection historique, un symbole fort
C’est au quatrième tour de scrutin, avec 263 voix sur 313, que la Révérende Mujinga Kashala a été élue, dépassant largement les 234 voix nécessaires. L’émotion était palpable. « Je rends grâce à Dieu… Je sais qu’Il me connaît aussi », a-t-elle confié dans un souffle de gratitude, saluant également la présidente du Conseil des évêques, l’Américaine Tracy S. Malone, première femme noire à présider ce Conseil.
« Vous êtes venue pour me bénir », a déclaré la Révérende Mujinga Kashala à Malone, dans une étreinte sororale. Une image forte, témoin d’une Église en pleine mutation.
Une vocation forgée dans l’engagement
Ordonnée en 1997, la Révérende Mujinga Kashala n’est pas une inconnue dans les cercles méthodistes. Surintendante du district de Luapula (Kasenga) depuis 2019 et pasteure associée à Kinsevere Memorial depuis 2023, elle a contribué à l’essor de nombreuses paroisses et à l’encadrement pastoral dans le Sud-Congo.
Son parcours est également marqué par 20 ans d’expérience comme déléguée à la Conférence générale. Elle a été vice-présidente de la Commission générale chargée d’organiser les grandes rencontres internationales de l’UMC entre 2016 et 2024.
Titulaire d’un diplôme en théologie de l’ICASI, d’une licence en théologie publique de l’Institut universitaire du Congo à Lubumbashi, et actuellement en master à l’Institut théologique de Bangui, elle est reconnue pour sa rigueur académique et sa vision ancrée dans les réalités africaines.
Un engagement aussi personnel que spirituel
Veuve du révérend Madima Kassongo Mathieu, avec qui elle a partagé 33 ans de ministère, la Révérende Mujinga Kashala n’a pas manqué de saluer l’influence de ce compagnon de foi disparu : « Il a été mon mentor en toutes choses », a-t-elle déclaré, les larmes dans la voix.
Le couple a élevé trois enfants : Abigaël, Clément et David, aujourd’hui témoins de l’héritage spirituel et humain de leur mère.
Une Église en pleine mutation
Cette élection intervient alors que l’UMC réorganise sa présence sur le continent. L’ancienne Conférence centrale du Congo a été renommée et scindée, donnant naissance aux conférences d’Afrique de l’Est, d’Afrique australe et d’Afrique centrale. Pour mieux accompagner cette expansion, deux nouveaux sièges épiscopaux ont été créés, dont celui du Tanganyika, basé à Kalemie.
Dans cette nouvelle configuration, l’Afrique comptera désormais 15 évêques méthodistes unis, dont cinq pour l’Afrique centrale. La révérende Mujinga Kashala prendra ses fonctions le 1er septembre 2025, à la tête d’une région couvrant la RDC, la Tanzanie, la Zambie et plusieurs zones missionnaires.
Une femme, un mandat, une mission
Dans une Église où les femmes sont encore minoritaires aux postes décisionnels, l’élévation de la reverende Mujinga Kashala fait figure de catalyseur. Elle incarne une génération de femmes engagées dans un ministère longtemps réservé aux hommes, et prouve que leadership spirituel rime aussi avec inclusion.
Son élection pourrait ouvrir la voie à une nouvelle dynamique, où les femmes pasteures, diaconesses et responsables laïques s’affirmeraient davantage dans les structures dirigeantes.
Un message d’espoir pour l’Afrique
Alors que l’Église Méthodiste Unie s’agrandit en Afrique – avec plus d’un million de membres dans certaines régions – le visage de l’évêque Mujinga Kashala porte l’espoir d’une gouvernance pastorale plus proche, plus représentative, et tournée vers les défis contemporains : éducation, justice sociale, genre, paix et intégrité théologique.
En cette année charnière pour l’Église en Afrique, la révérende Mujinga Kashala incarne la promesse d’une spiritualité enracinée, engagée et inclusive. Une élection qui fera date.
La Rédaction