
Le couperet est tombé. Jacques Kyabula Katwe, gouverneur du Haut-Katanga, a été suspendu de ses fonctions après avoir ignoré une convocation expresse du ministère de l’Intérieur. Dans un télégramme signé par Jean-Baptiste Ndeze Katurebe, vice-ministre des Affaires coutumières, et agissant au nom du vice-premier ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani Lukoo, le vice-gouverneur Martin Kazembe Shula est officiellement désigné gouverneur ad intérim.
Une suspension pour « indiscipline »
Tout est parti du télégramme du VPM de l’intérieur. Le 8 juillet 2025, Kinshasa sommait Jacques Kyabula de se présenter « toutes affaires cessantes » dans un délai de 48 heures, pour une consultation jugée urgente. Mais l’homme fort du Haut-Katanga a brillé par son absence.
« Tirant la conséquence de l’indisponibilité de Jacques Kyabula Katwe […] prendre toutes les dispositions nécessaires aux fins d’assurer l’intérim pour ne pas bloquer le fonctionnement de la province », précise le document officiel confiant l’intérim du Gouverneur à Martin Kazembe.
Des propos qui dérangent Kinshasa
Si Kyabula a été rappelé d’urgence à Kinshasa, c’est aussi en raison d’une déclaration jugée ambiguë, prononcée le 30 juin lors des célébrations du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance de la RDC à Lubumbashi.
« Nous sommes en guerre contre le Rwanda, pas contre Joseph Kabila et Corneille Nangaa qui sont des Congolais. Leur problème sera réglé en famille, car les linges sales se lavent en famille», avait déclaré Jacques Kyabula.
Un message perçu comme un clin d’œil politique à Joseph Kabila, dont Kinshasa accuse de connivence avec le M23/AFC, mouvement rebelle soutenu par Kigali. Ainsi, ette sortie a suscité un profond malaise dans l’Union sacrée, où certains estiment que Jacques Kyabula a franchi la ligne rouge en semblant tendre la main à des figures accusées d’hostilité envers l’actuel pouvoir.
En attendant la suite des évènements, Martin Kazembe Shula, jusque-là vice-gouverneur, prend les rênes de la province. Il devra composer avec une situation politique tendue et une opinion publique divisée : les partisans de Kyabula dénoncent un « règlement de comptes politique », tandis que d’autres voient dans cette suspension un avertissement clair envoyé à tout responsable provincial tenté de dévier de la ligne tracée par le Président Félix Tshisekedi.
La Rédaction