Haut-Katanga–Lualaba : Plaidoyer pour l’accès à la justice des communautés locales impactées par les mines

À l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’homme ce mercredi 10 décembre 2025, l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), en partenariat avec le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, a organisé une conférence scientifique et citoyenne autour du thème :
« Accès à la justice des communautés locales impactées dans le Haut-Katanga et le Lualaba ».

Organisée dans un contexte où les provinces minières font face à des défis croissants liés aux projets économiques, sociaux, environnementaux et extractifs, cette rencontre a permis de mettre en lumière des mécanismes concrets visant à renforcer la protection des populations affectées.

Un espace d’échange sur les droits, les recours et les responsabilités

Au cœur des discussions, plusieurs experts ont rappelé l’importance pour les citoyens de connaître leurs droits et d’utiliser les voies de recours existantes pour se défendre face aux violations, notamment en matière de pollution, de spoliation foncière, de déplacements forcés ou d’impacts environnementaux liés aux activités minières.

Oumar Samaké, juriste et expert au Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, a replacé la célébration du 10 décembre dans son essence :

« La Journée mondiale des droits de l’homme constitue un moment de réflexion collective pour rappeler que l’accès à la justice est le socle de toute démocratie résiliente ».

Les interventions de Me Sylvain Mulimba (doctorant en droit des affaires), Me Jérémie Madiela (doctorant en droit économique et social) et Me Hubert Tshiswaka, Directeur général de l’IRDH, ont apporté un éclairage pluridisciplinaire sur les instruments juridiques disponibles pour protéger les communautés.

Les communautés locales peuvent agir en justice sans personnalité juridique

L’un des messages majeurs de cette conférence a été porté par Me Hubert Tshiswaka Masoka, Directeur général de l’IRDH, qui a insisté sur une réalité souvent ignorée dans la pratique judiciaire congolaise.

« L’objectif, c’était de vulgariser la notion des droits des communautés locales et de rappeler à l’opinion que celles-ci n’ont pas besoin d’une personnalité juridique pour agir en justice », a indiqué Maître Hubert Tshiswaka.

« Aujourd’hui, les communautés sont victimes de pollution, de spoliation, de délocalisations sans indemnisation réelle. Il est donc essentiel que les magistrats, les juges et les avocats reçoivent leurs plaintes comme celles d’organisations de facto et qu’ils acceptent que leurs représentants élus plaident en leur nom », a-t-il souligné.

Pour l’IRDH, cette innovation juridique est indispensable pour renforcer l’accès à la justice, particulièrement dans les zones minières où les conflits entre entreprises, autorités locales et populations restent fréquents.

Outiller les communautés et sensibiliser les futurs praticiens du droit

La conférence a également servi de plateforme d’apprentissage pour les étudiants, chercheurs et praticiens du droit.
Il a été démontré que l’accès à la justice nécessite : une meilleure connaissance des droits humains, l’utilisation des voies administratives et judiciaires, la mobilisation d’actions collectives, et la capacité des communautés à documenter les violations.

Selon l’IRDH, cette démarche participative permettra de donner une voix aux populations qui, trop souvent, subissent les impacts des activités minières sans pouvoir se défendre efficacement.

Une journée mondiale pour renforcer l’État de droit

En célébrant la Journée mondiale des droits de l’homme, l’IRDH et le Bureau conjoint des Nations unies rappellent que la justice sociale constitue un pilier essentiel du développement durable dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba.

La conférence marque ainsi une étape importante dans le plaidoyer visant à garantir aux communautés locales un véritable accès à la justice et une protection effective de leurs droits fondamentaux.

Junior Ngandu

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