
L’Initiative pour la Bonne Gouvernance et les Droits Humains (IBGDH ASBL) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans un communiqué rendu public ce mercredi 19 novembre 2025, l’organisation de défense des droits humains dénonce la militarisation croissante des sites miniers artisanaux dans la province du Lualaba, qu’elle estime être à l’origine de dizaines de pertes en vies humaines.
Le drame survenu samedi 15 novembre au site de Mulondo, où 44 exploitants artisanaux ont trouvé la mort, relance de manière brutale le débat sur la gouvernance minière au Congo.
Un drame qui survient dans un contexte de deuil provincial
La ville de Kolwezi est encore sous le choc du décès inopiné, le même jour, du député provincial honoraire Théo Mafo Tshihingi, connu pour son engagement en faveur de la formalisation de l’exploitation artisanale. Pour l’IBGDH, la coïncidence tragique entre cette disparition et le drame de Mulondo met en lumière les contradictions profondes du secteur minier artisanal.
Mulondo : 44 morts attribués à une présence militaire excessive
Selon les informations recueillies par l’IBGDH, les décès enregistrés sur le permis minier 2116, propriété de la société CHEMAF, seraient directement liés aux interventions de militaires affectés à la sécurisation du site.
Ces éléments appartiendraient, selon la même source, à la Garde Républicaine, mais opérant pour le compte de la société chinoise PAJECLEM, dirigée par un certain Pan Kai, présenté comme non répertorié au Cadastre minier.
L’IBGDH dénonce également les liens présumés de cette société avec des personnalités influentes, notamment un certain David Mangaya, présenté comme gendre du Président de la République, ainsi qu’un dénommé Essai Zonde, qui auraient facilité l’installation de Pajeclem dans la concession de CHEMAF.
Une situation longtemps dénoncée mais ignorée
L’organisation rappelle qu’en mars 2025, une coopérative locale et plusieurs exploitants avaient déjà saisi la gouverneure du Lualaba pour dénoncer l’occupation illégale du site par des sujets chinois, mais aucune action n’avait été engagée.
Pour l’IBGDH, le drame du 15 novembre n’est ni un accident, ni un cas isolé, mais plutôt le résultat d’un système « de pillage organisé » rendu possible par : l’occupation illégale des sites, la présence abusive de militaires dans les zones minières, des opérations semi-industrielles opaques, ainsi que des complicités supposées au sein même des institutions.
Vers une réforme urgente de l’exploitation artisanale
Face à ce qu’elle qualifie d’esclavage moderne, l’IBGDH appelle à une réforme profonde du secteur artisanal dans le Lualaba. Elle réclame : la démilitarisation immédiate des sites miniers ; la formalisation urgente de l’exploitation artisanale ; des mesures fermes contre les réseaux de prédation minière ; une enquête nationale indépendante pour établir les responsabilités et protéger les exploitants.
« Il faut des actions urgentes pour mettre fin à cette mafia bien structurée, qui réduit les exploitants artisanaux à une main-d’œuvre sans droits et sans protection », insiste maître Donat Kambola, coordonnateur de l’IBGDH.
Un appel à la responsabilité nationale
Dans un contexte où les incidents meurtriers se multiplient, l’IBGDH estime que le gouvernement doit clarifier sa vision du secteur minier artisanal et protéger les populations dont la survie dépend de cette activité.
Pour l’organisation, l’avenir du secteur ne peut plus se construire sur « l’opacité, la violence et l’impunité ».
Junior Ngandu