
Moment solennel ce mardi 2 décembre 2025 à la faculté des sciences sociales, politiques et administratives de l’Université de Lubumbashi (UNILU), où le chef des travaux Dominique Kiwele Katato a brillamment soutenu sa thèse de doctorat en sciences sociales et politiques. Ses travaux, placés sous le thème :
« Politiques publiques agricoles et lutte contre la pauvreté dans le territoire de Moba : une conception stratégique de l’agriculture », apportent un regard neuf sur un secteur longtemps considéré comme le pilier du développement, mais encore sous-exploité dans cette partie du pays.

Sous la direction du Professeur émérite Adrien Mulumbati Ngasha, l’impétrant a défendu une recherche ambitieuse et rigoureuse, mobilisant des approches pluridisciplinaires pour comprendre un paradoxe persistant : malgré plusieurs décennies de programmes agricoles, « la pauvreté perdure dans les campagnes et les inégalités continuent à se creuser entre les villes et les villages », écrit-il.
Un diagnostic sévère du fonctionnement de l’État dans le secteur agricole

Dans la présentation de son économie de thèse, Dominique Kiwele a souligné que l’échec répété des politiques agricoles ne provient pas d’un manque de ressources, mais d’une logique structurelle défaillante :
« Les décideurs publics, soumis à des logiques calculatrices et égoïstes, se complaisent à adopter des mesures déclaratives (…) inscrites dans une logique à court terme. »
Sa recherche montre, chiffres à l’appui, que les actions étatiques posées jusqu’ici n’ont pas amélioré de manière significative les conditions des ménages agricoles :
« Les moyens issus de cette agriculture familiale (…) n’ont pas pu combler les besoins réels de la population », notamment en matière de soins, d’éducation, d’eau potable ou d’électricité.
Il explique également que les dispositifs imposés par les partenaires internationaux, comme les parcs agro-industriels, reproduisent des modèles exclusifs :
« Les petits exploitants restent exclus de l’assistance directe de l’État. »
Une thèse qui propose un nouveau paradigme : l’agrostratégie
Face à ce constat, Dominique Kiwele propose un concept novateur qu’il appelle l’agrostratégie, une stratégie nationale intégrée basée sur trois piliers :
- Diagnostic stratégique
Comprendre comment la marginalisation de l’agriculture et la défaillance de l’État entretiennent un cycle de pauvreté.
« Si l’État persiste à faire preuve de défaillances structurelles (…) la perpétuation des cycles de la pauvreté demeurera inéluctable. »
- Choix stratégiques
Mobiliser une expertise interdisciplinaire, rationaliser les dépenses publiques et réorienter les priorités budgétaires vers l’agriculture et la recherche :
« Il s’agit de dégager des ressources financières supplémentaires à allouer en priorité au financement de la recherche agronomique stratégique. »
- Exécution stratégique
Miser sur la formation, l’éducation, la transmission scientifique et une programmation de long terme :
« Seule l’éducation entamée dès le bas-âge est à mesure d’implanter un nouveau logiciel capable de permettre aux gestionnaires de demain d’appréhender plus intelligemment les choses. »
L’agrostratégie, selon lui, pourrait devenir un paradigme national, un cadre de pensée transformateur :
« Un concept stratégique combinant intelligence, stratagème et technologies modernes pour protéger et promouvoir les territoires ruraux. »
Une contribution majeure pour repenser la lutte contre la pauvreté rurale
En somme, l’impétrant a rappelé l’enjeu central de sa recherche :
« La lutte contre la pauvreté rurale ne sera effective que si les politiques agricoles cessent d’être des outils de légitimation politique pour devenir des vecteurs de transformation structurelle. »
Son travail ouvre de nouvelles perspectives pour les chercheurs, les décideurs publics et les acteurs de terrain, invitant à réconcilier développement rural et développement national.
Un apport majeur pour le développement agricole
La thèse du Dr Dominique Kiwele plaide pour une reconception stratégique du secteur agricole, considérée comme voie indispensable pour réduire la pauvreté rurale, moderniser les méthodes de production, améliorer la gouvernance et renforcer la résilience des communautés paysannes.
Elle ouvre également de nouvelles perspectives de recherche sur :
la gouvernance des politiques agricoles,
les innovations institutionnelles en milieu rural,
la participation des communautés locales aux décisions publiques,
la transformation structurelle du secteur agricole congolais.
Une soutenance saluée par le jury
Après la présentation de l’économie de la thèse, le récipiendaire s’est livré au jeu des questions-réponses avec les membres du jury pour des éclaircissements sur certains aspects de ce travail scientifique.
Ensuite, le jury s’est retiré pour délibérer à huis clos. Les résultats proclamés : Dominique Kiwele Katato a obtenu la mention Grande Distinction.
Collation du grade et reconnaissance académique
Au nom du Recteur de l’Université de Lubumbashi, le Secrétaire général, Professeur Dikanga Kazadi, a procédé à la collation des grades académiques.
Il a officiellement conféré au lauréat « la jouissance de tous les droits, prérogatives et avantages attachés au nouveau grade obtenu ».
Junior Ngandu