
En marge de la conférence-débat organisée samedi 9 août 2025 à Lubumbashi par l’ASBL Congo Virtuose, autour du thème central « 65 ans après l’indépendance : Qui est le bourreau de la RDC ? », le journaliste Éric Cibamba a livré une analyse fouillée sur l’histoire et les mutations de la presse congolaise, de l’époque coloniale à l’ère numérique.
Sous le sous-thème « Exercice du journalisme en RDC : avancées et musellement, regard critique », l’orateur a rappelé que l’évolution des médias congolais s’articule autour de plusieurs étapes marquantes, qu’il a classées en différentes catégories : presse tribale, militante ou de propagande, rouge, muselée, libertine, autocensurée et enfin celle des réseaux sociaux.
Selon lui, la presse congolaise, depuis ses débuts, a rarement été totalement indépendante, demeurant souvent inféodée aux pouvoirs politiques, aux intérêts économiques ou aux influences sociales. « De la colonisation à nos jours, la presse a accompagné les régimes, parfois par contrainte, parfois par opportunisme, mais toujours dans un contexte où la liberté réelle restait fragile », a-t-il expliqué.
Éric Cibamba a insisté sur le rôle ambigu des médias congolais, tour à tour acteurs de mobilisation politique, instruments de propagande, mais aussi, dans certains cas, remparts contre les dérives du pouvoir. Il a dénoncé l’influence croissante des réseaux sociaux, où la frontière entre information, opinion et désinformation est souvent brouillée, accentuant la perte de crédibilité des journalistes traditionnels.
Pour l’orateur, le véritable « bourreau » de la RDC dans le domaine médiatique reste la conscience collective, marquée par la tolérance face à la manipulation et à la politisation de l’information. « Tant que les journalistes et le public n’exigeront pas un haut niveau d’exigence, d’éthique et d’indépendance, la presse congolaise restera prisonnière de ses vieilles habitudes », a-t-il conclu.
Cette intervention, à la fois historique et critique, a suscité un vif intérêt parmi les participants, rappelant que la question de l’indépendance de la presse est indissociable de la construction démocratique en RDC.
Junior Ngandu