
La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), à travers son président Paul Nsapu Mukulu, a adressé une correspondance officielle au Gouverneur a.i. du Haut-Katanga Martin Kazembe, lui demandant de prendre des mesures urgentes à la suite de la rupture du bassin de rétention des eaux industrielles de la société Congo Dongfang Mining (CDM). L’incident, survenu entre le 3 et le 5 novembre 2025, a provoqué un déversement d’effluents toxiques dans plusieurs quartiers de Lubumbashi, notamment Kasapa et Kamatete, situés dans la commune Annexe.
Des dégâts environnementaux et sociaux préoccupants
Selon le rapport transmis au siège de la CNDH par son Bureau de Représentation Provinciale du Haut-Katanga, les eaux de rejets industrielles se sont propagées dans les zones habitées, touchant les maisons, les routes, les puits d’eau, les rivières, les marchés et les cultures.
Ces inondations auraient provoqué un mécontentement général de la population, qui accuse la société CDM de négligence dans le respect de ses obligations environnementales et sociétales.
En signe de protestation, plusieurs habitants sont descendus dans la rue, érigeant des barricades et brûlant des pneus pour exiger des réparations.
La CNDH recommande une commission d’enquête indépendante
Face à la gravité de la situation, le président de la CNDH a recommandé la mise en place immédiate d’une commission d’enquête mixte et indépendante, à laquelle l’institution devra pleinement participer.
L’objectif de cette commission serait d’établir les responsabilités de l’entreprise, évaluer les préjudices subis par les populations et proposer des mesures préventives pour éviter de nouvelles catastrophes.
« Il est urgent de s’enquérir de la situation afin d’établir les responsabilités de l’entreprise, d’évaluer la réparation à intervenir, mais aussi de renforcer les mesures préventives », a insisté Paul Nsapu Mukulu dans sa correspondance adressée au Gouverneur.
Un rappel au devoir de responsabilité des entreprises minières
Tout en instruisant le coordonnateur provincial de la CNDH à documenter les faits en vue d’un rapport complet, le président Nsapu a également rappelé aux responsables de CDM et à l’ensemble des parties concernées que la CNDH demeure une institution étatique indépendante ayant pour mandat de promouvoir, protéger et surveiller le respect des droits humains en République Démocratique du Congo.
« La CNDH est un organisme technique et consultatif doté du pouvoir d’enquêter sur tous les cas de violations des droits de l’homme », a-t-il rappelé.
Un test de gouvernance environnementale pour le Haut-Katanga
Cette interpellation de la CNDH intervient dans un contexte de sensibilisation croissante à la responsabilité sociétale des entreprises minières dans le Haut-Katanga, une province riche en ressources mais régulièrement confrontée à des problèmes de pollution et de gestion environnementale.
La création de la commission d’enquête recommandée par la CNDH constituerait une étape cruciale pour la transparence et la redevabilité dans le secteur minier, tout en restaurant la confiance entre les populations locales, les autorités et les opérateurs économiques.
La Rédaction