
À l’occasion du Colloque scientifique sur la rumba congolaise tenu à la Wallonie-Bruxelles International, le chercheur Espoir Ngudia, diplômé d’Études Approfondies en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Lubumbashi, a captivé l’auditoire par une intervention sur le thème : « Influence du numérique sur la génération Z et ses opportunités dans la création, la promotion et la distribution de la rumba en milieu juvénile ».
Le numérique, une passerelle entre tradition et modernité
D’entrée de jeu, Espoir Ngudia a souligné que la rumba congolaise, inscrite depuis 2021 au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO, ne peut rester figée dans ses codes classiques si elle veut continuer à séduire les jeunes générations.
« Le numérique a bouleversé les modes de création et de consommation musicale. La génération Z ne découvre plus la rumba à travers les vinyles ou les bars, mais via TikTok, YouTube, Spotify ou encore les reels Instagram », a-t-il expliqué.
Selon lui, cette mutation technologique offre de nouvelles opportunités pour rendre la rumba plus accessible, participative et connectée à la réalité des jeunes.
Création, promotion et distribution à l’ère des plateformes digitales
Le chercheur a ensuite développé trois axes majeurs d’influence du numérique sur la rumba contemporaine :
1. La création musicale : les jeunes artistes congolais utilisent aujourd’hui les outils numériques pour composer, enregistrer et mixer leurs œuvres, parfois à partir d’un simple smartphone. Cette démocratisation technique favorise l’émergence de nouveaux talents et la diversification des sonorités.
2. La promotion : les plateformes sociales comme TikTok ou YouTube permettent une diffusion virale et instantanée des morceaux.
« Un simple challenge autour d’un pas de danse peut propulser un jeune artiste inconnu au-devant de la scène », a illustré Espoir Ngudia.
3. La distribution : le streaming, devenu le principal mode de consommation musicale, a ouvert les frontières du marché. Désormais, un titre de rumba produit à Lubumbashi peut être écouté à Kinshasa, Bruxelles ou Paris en quelques secondes.
Un défi de transmission culturelle
Cependant, le chercheur met en garde contre un risque de déracinement culturel si cette appropriation numérique n’est pas accompagnée d’un effort de transmission.
« La génération Z doit être initiée à la richesse patrimoniale de la rumba, à ses codes, à son langage émotionnel. Le numérique doit servir de pont entre l’héritage et l’innovation, pas de rupture entre les générations », a-t-il insisté.
Il a plaidé pour la mise en place d’un programme éducatif et culturel intégrant la rumba dans les cursus artistiques et numériques des jeunes, afin d’en faire un véritable levier d’identité et de créativité.
Vers une rumba 3.0, vecteur d’identité et d’opportunités
L’intervention d’Espoir Ngudia s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’avenir de la rumba comme instrument de soft power congolais et de développement culturel durable.
En conclusion, il a rappelé que le numérique ne doit pas être perçu comme une menace, mais comme un outil de renaissance :
« La rumba n’est pas seulement une musique du passé, c’est une émotion vivante. Grâce au numérique, elle peut se réinventer, séduire la jeunesse et conquérir le monde », a-t-il conclu.
Un colloque entre mémoire et innovation
Ce Colloque scientifique sur la rumba congolaise, organisé à Lubumbashi sous l’égide de la Wallonie-Bruxelles International, a réuni chercheurs, artistes, enseignants et passionnés de musique. Les échanges ont porté sur la place de la rumba dans l’identité culturelle congolaise et son adaptation aux nouveaux contextes sociotechniques.
Au terme de la journée, les participants ont salué la pertinence des analyses d’Espoir Ngudia, dont la vision concilie l’héritage de la rumba classique et les ambitions numériques de la jeunesse congolaise.
La Rédaction