
En marge de la 9ᵉ édition de l’Alternative Mining Indaba, qui se tient à Lubumbashi du 29 au 31 octobre, le Centre Carter, en partenariat avec la CENADEP et le CREFDL, a organisé ce jeudi 30 octobre 2025 à l’hôtel Ikoma, une session parallèle axée sur l’optimisation des recettes minières issues des minerais stratégiques.
Cette rencontre, soutenue financièrement par l’Union européenne (UE) dans le cadre du projet « Démocratisation de la gouvernance du secteur extractif », a réuni divers acteurs publics, privés et de la société civile autour d’un objectif commun : renforcer la transparence, la redevabilité et la participation citoyenne dans la gestion des revenus miniers.
Une session pour repenser la gouvernance des recettes minières
Les échanges ont porté sur les mesures concrètes à adopter pour améliorer les mécanismes de collecte, de gestion et d’allocation des recettes minières, dans la perspective d’un financement durable du développement en République Démocratique du Congo.
Les discussions se sont appuyées sur les conclusions du Dialogue citoyen pour la maximisation des recettes minières de la filière cuivre-cobalt, mis en œuvre par le Centre Carter entre 2024 et 2025, avec le cofinancement de l’Union européenne et de la coopération allemande (GIZ).
Selon les organisateurs, cette session constitue un espace d’échange inclusif destiné à mettre en synergie les recommandations issues de plusieurs études et consultations menées dans le cadre du projet.

« Les minerais stratégiques peuvent et doivent financer le développement durable de la RDC. Encore faut-il des mécanismes efficaces, transparents et participatifs », a souligné Me Fabien Mayani, responsable du programme gouvernance extractive au Centre Carter.
Des richesses minières qui ne profitent pas encore à la population
Alors que la RDC est au cœur de la transition énergétique mondiale grâce à ses minerais critiques — cobalt, cuivre, lithium, coltan, germanium et étain —, la question de la redistribution équitable des revenus miniers demeure un défi majeur.
Entre 2018 et 2025, la demande mondiale pour ces minerais a explosé, générant une hausse considérable des recettes fiscales du secteur.

Les rapports de l’ITIE-RDC révèlent que le secteur minier a rapporté plus de 7 milliards USD en 2022, contre 1,5 milliard USD seulement en 2017.
Cependant, cet accroissement des revenus n’a pas entraîné une amélioration significative du bien-être de la population.
« Les recettes minières augmentent, mais les services publics restent défaillants, la pauvreté persiste et les inégalités s’accentuent », déplore un acteur de la société civile présent à la session.
L’indice de développement humain de la RDC n’a progressé que de 0,474 à 0,481 entre 2018 et 2022, plaçant le pays au 180ᵉ rang mondial sur 193 nations.
Un appel à une gouvernance plus juste et inclusive
À travers cette session, le Centre Carter et ses partenaires exhortent le gouvernement congolais à renforcer la redevabilité des institutions, la traçabilité des revenus et la participation des citoyens dans la gouvernance minière.
L’objectif est de garantir que chaque dollar issu des minerais stratégiques contribue réellement à l’amélioration des infrastructures, de l’éducation, de la santé et de l’emploi local.
« Les minerais critiques de la RDC doivent être une bénédiction, pas une malédiction », a conclu un représentant de la CENADEP.
Contexte : une opportunité à saisir pour la RDC
Dans un contexte de transition énergétique mondiale, la RDC dispose d’un potentiel exceptionnel pour s’imposer comme acteur stratégique de la production de métaux nécessaires à la fabrication des batteries, des technologies numériques et des véhicules électriques.
Mais pour y parvenir, le pays doit transformer sa richesse naturelle en richesse nationale, grâce à une gestion transparente, équitable et orientée vers le bien-être collectif.
Le Centre Carter, à travers ce projet, entend accompagner les autorités congolaises et la société civile dans cette transformation structurelle, pour faire des minerais stratégiques un levier réel du développement durable.
La Rédaction