
L’intelligence artificielle n’est pas qu’un progrès technologique : elle pose de profondes questions éthiques et sociales. C’est autour de cette conviction que le professeur ordinaire Jean-Marie Dikanga Kazadi, secrétaire général académique de l’Université de Lubumbashi, a articulé sa conférence magistrale sur le thème : « Les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle sur le développement de la nation vers une révolution numérique et responsable ».

Organisée par le cercle scientifique Math-Info de la faculté des sciences et technologies, cette rencontre scientifique s’est tenue dans l’amphithéâtre de l’école de criminologie, et a rassemblé un large public d’étudiants, enseignants, chercheurs, responsables de départements et passionnés du numérique venus de tous horizons.
Une révolution technologique… mais à quel prix ?

Dans son exposé, le professeur Dikanga Kazadi a décrit l’IA comme la plus grande révolution du siècle, déjà présente dans de nombreux domaines : santé, agriculture, éducation, défense, mobilité… Mais il a aussi tiré la sonnette d’alarme : « Nous assistons à une substitution progressive de l’homme par des systèmes autonomes », a-t-il déclaré, évoquant les robots tueurs, les drones militaires autopilotés ou encore les véhicules sans chauffeur, dont les responsabilités juridiques en cas d’accident restent floues.

Abordant le domaine de l’éducation, le professeur Dikanga s’est attardé sur les effets de ChatGPT, qualifié de générateur conversationnel à potentiel disruptif. « Il est aujourd’hui possible de produire un mémoire ou une thèse en moins d’une heure avec cet outil. Cela interroge la valeur du travail intellectuel et l’intégrité académique », a-t-il affirmé. Il a mis en garde contre le risque de nivellement vers le bas du savoir, si l’éthique n’accompagne pas l’usage de ces outils.
Un échange riche, un public conquis
La conférence a suscité de nombreuses questions de la part de l’assistance. Les étudiants et chercheurs présents ont vivement salué la profondeur d’analyse et la rigueur pédagogique du professeur, dont la présentation a été unanimement saluée.
« Nous avons énormément appris. Le professeur Dikanga incarne le savoir et le sens de la transmission. L’UNILU peut être fière de lui », a témoigné Blaise Monga, masterant en géologie.
Un débat ouvert sur l’avenir du numérique

Trois autres experts du numérique ont pris part à cette conférence placée sous le thème global : « Révolution numérique et développement de la nation ». La modération a été assurée par Elvis Code, visiblement ravi de la qualité des échanges.
Ce rendez-vous académique marque un temps fort pour la réflexion nationale sur les usages, les opportunités mais aussi les dérives potentielles de l’intelligence artificielle, dans une société congolaise en pleine transition numérique.
Beni Rashidi