
À l’aube du verdict attendu dans le procès de l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, la tension ne faiblit pas dans la capitale congolaise. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) est sorti de sa réserve samedi 30 août 2025, pour rappeler que « nul n’est au-dessus de la loi », tout en mettant en garde contre les pressions politiques et les tentatives de mobilisation de rue.
Un procès “ordinaire” ?
Dans une conférence de presse organisée à Kinshasa, Télesphore Nduba, secrétaire permanent et porte-parole du CSM, a tenu à replacer l’affaire Mutamba dans une perspective plus large. Selon lui, il ne s’agit ni d’une “exception” ni d’un “procès politique”, mais bien d’une procédure judiciaire comme le pays en a déjà connu. « Plusieurs autres personnalités politiques ont déjà été jugées pour détournement de deniers publics », a-t-il martelé, citant en exemple les procès retentissants des “100 jours”, de Bukangalonzo ou encore de l’ancien ministre Willy Bakonga.
Le prononcé, initialement fixé au 27 août, a été reporté au 2 septembre 2025. Un délai technique, justifie le CSM, compte tenu de « l’ampleur du dossier » : une vingtaine de témoins et une cinquantaine d’avocats de la défense. « Les juges doivent statuer avec rigueur et sérénité », insiste Telesphore Nduba, alors que les rumeurs d’interférences politiques alimentent le climat d’incertitude.
Une justice sous pression
La mise en garde du CSM vise directement les partisans de Constant Mutamba, accusés d’avoir multiplié menaces et intimidations à l’égard des magistrats. « Tout attroupement aux abords de la Cour de cassation sera considéré comme une tentative de trouble à l’ordre public et sanctionné comme tel », a averti le porte-parole.
L’institution appelle par ailleurs l’Hôtel de ville de Kinshasa à déployer des mesures de sécurité renforcées autour du Palais de justice le jour du verdict.
Un test pour l’État de droit
Au-delà du cas Mutamba, ce procès fait figure de test pour l’appareil judiciaire congolais, régulièrement accusé de partialité. En martelant que la justice agit « au nom du peuple congolais », le CSM cherche à réaffirmer son autorité dans un contexte où la frontière entre justice et politique reste poreuse. Les médias, eux, sont exhortés à couvrir l’événement « avec professionnalisme », afin de ne pas alimenter la polarisation déjà perceptible.
Le 2 septembre, tous les regards seront tournés vers la Cour de cassation. Pour le CSM, il s’agit moins d’un dossier ordinaire que d’un symbole : celui de la capacité de la justice congolaise à tenir tête aux pressions et à rendre une décision perçue comme équitable.
La Rédaction