RDC : 17 provinces touchées par une résurgence alarmante du choléra, Kinshasa en alerte


Alors que l’attention sanitaire était braquée sur la variole simienne (Mpox), c’est une vieille maladie que l’on croyait contenue qui refait surface avec une virulence inquiétante. En République démocratique du Congo, le choléra a touché 17 des 26 provinces, avec une progression silencieuse mais rapide qui inquiète les autorités. À Kinshasa, capitale du pays, 25 zones de santé sur 35 sont déjà affectées.

Ce jeudi 10 juillet, le ministre de la Santé publique, Dr Samuel Roger Kamba, a donné l’alerte lors d’une conférence de presse organisée à l’immeuble du gouvernement. Il a dressé un tableau préoccupant d’une épidémie aux contours flous, difficile à contenir et nourrie par des pratiques communautaires à haut risque.

« Nous sommes à plus de 33 000 cas signalés depuis janvier, avec un taux de létalité avoisinant les 2 %. Le danger, c’est que la majorité des cas sont traités en dehors des circuits médicaux, souvent à domicile », a-t-il averti.

Une épidémie invisible, mais mortelle

Le choléra progresse vite. Très vite. À Kinshasa, on recense jusqu’à 130 nouveaux cas chaque semaine. Mais la situation est tout aussi critique dans plusieurs provinces du pays, dont la Tshopo, le Haut-Katanga, le Nord-Kivu et l’Ituri. Loin d’être éradiqué, le choléra s’adapte aux fragilités structurelles du pays : insalubrité, manque d’eau potable, faible accès aux soins.

Si le gouvernement tente de rassurer, la riposte reste confrontée à d’énormes limites logistiques et budgétaires. Les Centres de traitement du choléra (CTC), aujourd’hui opérationnels, offrent des soins gratuits, mais peinent à faire face à l’afflux des patients dans certaines zones.

« L’incubation du choléra est rapide. En quelques heures, la diarrhée commence. Le réflexe doit être clair : aller immédiatement au centre de santé. L’automédication est notre principal ennemi », a martelé le ministre.

L’UNICEF en renfort, mais les besoins explosent

Face à l’urgence, l’UNICEF a livré 20 tonnes de médicaments et de kits médicaux, pour soutenir les efforts de réponse. L’agence onusienne a aussi déployé son système de gestion des incidents choléra dans six zones prioritaires de la province de la Tshopo, particulièrement frappée.

Mais ces efforts ne suffisent pas à inverser la courbe de l’épidémie. Selon les experts, le plus grand défi reste la prévention, dans un pays où seule une minorité a un accès régulier à de l’eau potable et où les habitudes d’hygiène restent précaires, notamment dans les quartiers urbains densément peuplés et les zones rurales enclavées.

Un cri d’alerte à la population

Le ministre Kamba appelle à une mobilisation collective, au-delà des seules autorités sanitaires. Pour lui, la solution réside autant dans la prise en charge médicale que dans la responsabilité citoyenne : lavage des mains, assainissement de l’environnement, surveillance communautaire, et surtout abandon des traitements à domicile.

« C’est une épidémie qu’on peut arrêter rapidement, mais à condition que chacun joue son rôle », a-t-il insisté.


Une crise sanitaire révélatrice de vulnérabilités structurelles

Cette flambée de choléra révèle les failles chroniques du système de santé congolais : faible couverture sanitaire, infrastructures vétustes, et un manque criant d’équipements de surveillance épidémiologique. Elle pose également la question du financement durable de la santé publique, dans un pays où les épidémies s’accumulent.

En parallèle du choléra, la RDC fait face à une résurgence de Mpox (variole du singe), ce qui complexifie davantage la riposte.

Alors que la saison sèche s’installe dans plusieurs régions du pays, les autorités sanitaires redoutent une amplification de la contamination via l’eau stagnante et les mauvaises conditions d’hygiène. La lutte contre le choléra s’annonce comme un combat de longue haleine, nécessitant une synergie entre gouvernement, partenaires techniques et population.

La Rédaction

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