
La désignation de Joyce Tunda Kazadi comme maire intérimaire, notifiée par la vice-ministre de l’Intérieur, ravive les tensions et les zones grises juridiques dans la capitale du Haut-Katanga.
Nouveau rebondissement à la tête de la mairie de Lubumbashi. Dans une correspondance datée du 23 octobre 2025, la vice-ministre de l’Intérieur, Eugénie Tshiela, a notifié, au nom du vice-premier ministre en mission, la désignation de Joyce Tunda Kazadi comme maire intérimaire de la deuxième ville du pays.
Cette décision se fonde sur l’ordonnance en référé ROR 1352 du 29 juillet 2025, rendue par le Conseil d’État, qui autorise l’intéressée à gérer la mairie de Lubumbashi.
Un tandem intérimaire controversé
Dans le même document, la vice-ministre précise que Patrick Kafwimbi, déjà désigné par arrêté du vice-premier ministre le 27 février 2025, assumera pour sa part les fonctions de maire adjoint intérimaire durant cette période transitoire.
Une formulation qui semble anodine, mais qui ravive une controverse juridique persistante. Car la précédente désignation de Kafwimbi, en février, avait déjà été contestée pour non-conformité aux textes régissant la gestion des entités locales.
Plusieurs juristes estiment qu’en cumulant deux décisions d’intérim sur un même poste, le ministère de l’Intérieur risque d’entretenir la confusion administrative et d’alimenter un duel institutionnel latent à la mairie de Lubumbashi.
Des tensions juridiques et politiques
Le 3 septembre dernier, lors d’un briefing à Kinshasa, le vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo, avait lui-même tenté de clarifier la hiérarchie décisionnelle :
« Même lorsqu’un maire obtient une décision de justice, c’est le ministère de l’Intérieur qui, une fois signifié, le notifie et l’installe pour lui permettre de travailler dans le cadre d’une relation de subordination.»
Cette mise au point visait à réaffirmer la primauté de l’autorité ministérielle sur les décisions judiciaires exécutoires.
Lubumbashi dans le flou institutionnel
En attendant un arbitrage clair du ministère de l’Intérieur, la mairie de Lubumbashi s’enlise dans une zone d’incertitude. Deux autorités, toutes deux prétendant détenir la légitimité administrative, se retrouvent désormais au centre d’un bras de fer institutionnel aux airs de déjà-vu.
Pour les agents municipaux comme pour les habitants, le constat est le même : plus personne ne sait vraiment qui dirige la ville.
Alors que Lubumbashi, moteur économique du pays, joue un rôle clé dans la stabilité du Haut-Katanga, cette confusion au sommet de la mairie met en lumière les fragilités de la gouvernance locale et les tensions latentes entre le pouvoir politique et l’administration territoriale.
La Rédaction