RDC: Dr Guelord Luema, la voix congolaise qui défend le concept de génocide économique



Lors du colloque international consacré à « la reconnaissance des génocides commis sur le territoire de la République Démocratique du Congo » fin juillet 2025 à Kinshasa, le chercheur congolais Guelord Luema Lusavuvu, docteur en droit public de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), a marqué les esprits en défendant la nécessité d’intégrer les enjeux économiques dans la définition même du crime de génocide.

À la fois président du panel consacré à « l’établissement de l’intention génocidaire et le régime probatoire » et intervenant dans un autre panel sur « la relation entre le pillage des ressources naturelles et la violence armée », avec pour sous-thème « Du génocide au “Génocost” : la nécessité de prendre en compte l’objectif économique dans la qualification du crime de génocide », le docteur Guelord Luema a livré une communication audacieuse, mettant en lumière un concept encore marginalisé dans la doctrine : le génocide à caractère économique.

Une notion écartée pour des raisons historiques

Selon le Professeur Guelord Luema, l’idée du génocide économique n’est pas nouvelle. Elle avait déjà émergé lors des débats préparatoires à la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide, portée notamment par l’Arabie Saoudite, le Venezuela et plusieurs pays d’Amérique latine. Mais la définition finale, fruit d’un compromis politique, a exclu la dimension économique.

Officiellement, cette exclusion se justifiait par l’instabilité du concept de « groupe économique ». Officieusement, elle tenait au contexte colonial : admettre cette notion aurait directement mis en cause les puissances coloniales de l’époque, accusées de pillage systématique des ressources et d’exactions à but économique.

Un enjeu d’actualité face aux conflits motivés par l’économie

Docteur Guelord Luema a rappelé que cette proposition avait de nouveau été rejetée lors des négociations du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale. Pourtant, dans le contexte actuel, où de nombreux conflits armés sont motivés par des intérêts économiques, il juge urgent de repenser la notion de génocide.

Il a notamment fait référence au concept de « Génocost », évoqué par le président Félix Tshisekedi lors de la commémoration du 2 août 2025, reconnaissant l’existence d’un génocide économique en RDC.

Pour Guelord Luema, il est désormais temps de rouvrir le débat et de consacrer juridiquement ce concept afin de mieux sanctionner les crimes internationaux à motivation économique. Il a annoncé que ces réflexions seront approfondies lors d’un colloque international prévu le 24 novembre 2025 à la faculté de droit de l’Université Paris-Est Créteil, consacré aux « angles morts de la dimension économique des crimes internationaux ».

Junior Ngandu

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