
C’est un nouveau dossier à fort potentiel explosif qui secoue la scène politique congolaise. Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a officiellement adressé à l’Assemblée nationale une demande d’autorisation de poursuite judiciaire contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba. L’annonce a été faite en pleine séance plénière, ce lundi, par le rapporteur de la chambre basse, Jacques Ndjoli.
En cause : des soupçons de détournement de fonds publics dans le cadre d’un projet de construction d’une prison centrale à Kisangani, pour un montant alloué de 39 millions de dollars. Selon le parquet, de nombreuses zones d’ombre entourent l’exécution du contrat confié à une entreprise dénommée Zion, dont les responsables seraient aujourd’hui injoignables.
Une affaire à forts enjeux politiques
Entendu à deux reprises par les services judiciaires, Constant Mutamba – figure controversée du paysage politique congolais – fait désormais l’objet d’une procédure de levée d’immunité, préalable nécessaire à toute poursuite pénale contre un membre du gouvernement, conformément à la Constitution.
L’affaire est d’autant plus sensible qu’elle survient dans un climat politique tendu, alors que les autorités congolaises multiplient les signaux de fermeté dans la lutte contre la corruption. Pour certains observateurs, cette initiative du parquet reflète un tournant assumé : celui d’une judiciarisation progressive des affaires politico-financières, jusque-là souvent étouffées.
Un dossier sensible, entre politique et justice
Le ministre de la Justice est ainsi soupçonné de détournement de fonds publics. Pour que la justice puisse faire son travail, le parquet a besoin du feu vert de l’Assemblée nationale, comme l’exige la loi pour poursuivre un membre du gouvernement.
Ce dossier délicat place les députés face à leurs responsabilités. Ils devront décider s’ils lèvent ou non l’immunité de l’un des leurs, dans un contexte de plus en plus tendu autour de la lutte contre la corruption.
La Rédaction