
Loin des projecteurs et des grandes messes diplomatiques, une mission économique pilotée par le Vice-Premier ministre de l’économie, Daniel Mukoko Samba a scellé deux accords confidentiels entre la RDC et un acteur financier majeur des Émirats arabes unis. Un jalon décisif pour la stratégie congolaise de transformation locale des minerais critiques.
Confidentialité stratégique, ambitions assumées
Signés avec la holding émiratie NG9, les protocoles d’accord confidentiels, conclus respectivement avec Kipay Energy et Buenassa, ouvrent la voie à des investissements structurants dans les secteurs de l’énergie et du raffinage minier. Si leur contenu reste à ce stade confidentiel, la symbolique est forte : la RDC avance, discrètement mais sûrement, vers un modèle économique fondé sur la souveraineté industrielle et la maîtrise de sa chaîne de valeur minière.
« Nous avons dépassé le stade des intentions. Ce qui se joue ici, c’est un réalignement de nos partenariats économiques pour créer enfin de la valeur sur notre propre sol », confie un haut cadre du ministère congolais de l’Économie.
De l’énergie pour produire, du métal pour transformer
Les deux entreprises congolaises engagées dans cette démarche incarnent la nouvelle vision économique du pays. D’un côté, Kipay Energy, dirigée par l’entrepreneur Eric Monga, développe une centrale mixte hydro-solaire de 166 MW dans le Haut-Katanga, visant à combler le déficit énergétique structurel qui freine l’industrialisation minière. De l’autre, Buenassa, sous l’impulsion d’Eddy Kioni, entend concrétiser un vieux rêve congolais : implanter la première raffinerie de cuivre et de cobalt du pays.
Un projet ambitieux, à la croisée des chemins entre souveraineté minérale, transition énergétique mondiale et aspiration industrielle régionale.
NG9 : un allié aux reins solides
Derrière cette avancée, le poids lourd émirati NG9 Holding aligne des arguments massifs : un fonds de 500 millions de dollars dédié à l’énergie, assorti de lignes de crédit extensibles à plus d’un milliard. À l’heure où les partenariats classiques avec l’Occident s’enlisent dans des lenteurs bureaucratiques, NG9 incarne une alternative fluide, rapide, et surtout orientée vers l’impact infrastructurel direct.
Ce partenariat naissant avec la RDC intervient alors que plusieurs pays africains, de l’Angola au Mozambique, cherchent eux aussi à capter plus de valeur dans leurs filières extractives, dans un contexte mondial tendu autour des minéraux stratégiques.
Un repositionnement régional et global
Au-delà de l’aspect technique, cette mission économique s’inscrit dans une diplomatie économique offensive initiée par le Président Félix Tshisekedi, soucieux de redessiner les contours des partenariats du pays. Le choix des Émirats n’est pas neutre. En misant sur Abu Dhabi, Kinshasa cherche à s’ouvrir à des capitaux non conditionnés, moins frileux et plus agiles dans l’accompagnement de projets dits « à haut risque politique ».
« Nous avons besoin de partenaires qui croient dans notre avenir industriel, pas seulement dans nos sous-sols », résume un conseiller économique.
Un changement de paradigme en marche
La signature de ces accords de confidentialité n’est qu’un prélude. Mais elle illustre un tournant dans l’approche congolaise : sortir du cycle extractif brut, construire localement, transformer localement, exporter des produits à forte valeur ajoutée. Le gouvernement congolais, en capitalisant sur des champions nationaux comme Kipay et Buenassa, envoie un signal clair : l’heure du contenu local industriel a sonné.
À suivre, donc, la concrétisation de ces projets dans les mois à venir — où tout se jouera entre mobilisation des financements, exécution technique et stabilité politique.