RDC : François Beya, « Monsieur Sécurité », blanchi par la Haute Cour militaire



La Haute Cour militaire de Kinshasa a clos, jeudi 21 août 2025, l’un des feuilletons judiciaires les plus sensibles du mandat de Félix Tshisekedi. François Beya Kasonga, ancien conseiller spécial du président en matière de sécurité, a été acquitté de toutes les charges qui pesaient sur lui.

Poursuivi depuis plus de deux ans pour « complot contre la vie du chef de l’État », « offense au chef de l’État », « violation de consigne » et « incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline », François Beya ressort blanchi. Deux de ses proches collaborateurs, Guy Vanda Nowa Biama, son assistant, et le colonel Kalenga Kalenga Pierre, ont également bénéficié d’un acquittement.

En revanche, le colonel Christian Sikapa et la commissaire supérieure principale Lili Thambwe Mauwa ont été condamnés à 17 mois de prison pour « violation de consigne ». Déjà incarcérés depuis plus d’un an, ils recouvrent aussitôt la liberté, leur peine étant réputée purgée.

Une procédure à forte charge politique

Le ministère public avait pourtant requis, début août, une peine d’un an de prison ferme – dont six mois avec sursis – contre l’ancien « Monsieur Sécurité » de la présidence, invoquant son âge avancé et son état de santé fragile. Mais la défense, assurée par Me Jeanot Bukoko, a obtenu gain de cause, dénonçant « un procès sans preuves tangibles » et dominé par « la suspicion politique ».

L’arrestation de François Beya, le 5 février 2022, avait pris de court jusque dans les cercles du pouvoir. Après sept mois de détention, il avait été libéré provisoirement pour raisons médicales avant de rejoindre la France, où il réside depuis août 2022.

Un vétéran des arcanes sécuritaires

Âgé de 69 ans, François Beya incarne à lui seul la continuité de l’appareil sécuritaire congolais. Formé sous Mobutu Sese Seko, il a servi ensuite M’zee Laurent Désiré Kabila, puis son fils Joseph Kabila, avant d’être appelé par Félix Tshisekedi en 2019 comme conseiller spécial en matière de sécurité. Craint, respecté et parfois contesté, il s’était imposé comme l’un des hommes les mieux informés de Kinshasa, toujours au cœur des arbitrages sensibles.

Son acquittement marque non seulement la fin d’un dossier qui avait alimenté de nombreuses spéculations, mais aussi le retour symbolique d’un acteur qui, même éloigné de la scène congolaise, continue de peser sur l’imaginaire sécuritaire du pays.

Junior Ngandu

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