
Trente-trois ans, presque une vie entière consacrée aux champs, aux routes de desserte agricole et aux paysans oubliés des grandes villes. Alexis Mbumb Kazemb, infatigable artisan du monde rural, célèbre ce mercredi 16 juillet 2025 l’anniversaire de l’Association des Agriculteurs Sans Frontières (AASF ONGD), une structure qu’il a fondée en 1992, bien avant que le mot « ONG » ne devienne à la mode dans les milieux du développement en République démocratique du Congo.
L’empreinte d’un vétéran du développement rural
À l’époque, le pays s’appelait encore Zaïre et l’agriculture peinait à se relever des crises successives. « Nous n’avions qu’un seul objectif : lutter contre la pauvreté en donnant des outils concrets aux communautés rurales », se souvient Mbumb Kazemb.
Trois décennies plus tard, l’AASF est présente dans les 26 provinces de la RDC, avec une expertise qui va de la réhabilitation des routes agricoles à la pisciculture, en passant par la formation des paysans, la réinsertion des ex-combattants ou encore l’appui nutritionnel aux populations vulnérables.
Des projets qui ont changé des vies
Au fil des ans, l’AASF s’est imposée comme un acteur clé du secteur agricole congolais. Parmi ses coups d’éclat, on retient :
• La distribution de 10 000 canetons aux éleveurs du Katanga en 2005, pour relancer l’aviculture locale ;
• La réinsertion de milliers d’ex-combattants dans le cadre du programme CONADER en 2005-2006 ;
• La réhabilitation de routes de desserte agricole et la création de champs écoles paysans grâce au projet PRESAR financé par la BAD ;
• L’appui nutritionnel dans des prisons comme Kasapa, Kipushi et Makala ;
• La construction du pont Lwizi, dans le Tanganyika, qui a désenclavé des villages entiers en 2018.
Des bailleurs internationaux tels que la FAO, la Banque mondiale, le PAM, l’USAID ou encore le PNUD n’ont pas hésité à collaborer avec cette organisation, saluée pour sa capacité à traduire les financements en projets concrets.
Une vision inchangée : faire de l’agriculture un moteur de croissance
Le discours d’Alexis Mbumb Kazemb n’a pas varié depuis trois décennies :
« La RDC a un potentiel agricole immense, mais elle reste dépendante des importations. Notre rôle, c’est d’aider les communautés à passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture productive et rentable.»
Cette vision, l’AASF la traduit par des formations ciblées pour les jeunes et les femmes, et par un plaidoyer en faveur d’une gouvernance transparente des projets ruraux. L’association milite également pour la valorisation des produits agricoles locaux, un enjeu crucial dans un pays qui importe encore une grande partie de son alimentation.
Et après ?
Pour l’avenir, l’AASF veut accroître la production vivrière et animale, tout en restant un partenaire stratégique des institutions publiques et des bailleurs internationaux. À 33 ans, l’organisation ne compte pas ralentir. Au contraire, elle se veut un pilier du développement rural intégré, convaincue que lutter contre la pauvreté commence dans les champs.
Avec son ton pragmatique et ses réalisations tangibles, l’AASF s’inscrit dans la liste restreinte des ONG congolaises qui ont su rester fidèles à leur mission initiale. Alexis Mbumb Kazemb, lui, préfère rester humble : « C’est juste 33 ans de service à la nation congolaise. Nous avons encore beaucoup à faire.»
Junior Ngandu