
Malgré les turbulences à l’Est et une logistique éprouvée, la République démocratique du Congo a clos, ce 31 juillet, une édition singulière de l’Examen d’État. Entre volonté de modernisation et impératif d’inclusion, le système éducatif congolais s’offre un rare moment de cohésion nationale.
Parvenir à organiser des examens nationaux dans un pays où certaines zones sont encore sous contrôle de groupes armés relève presque de l’exploit. Pourtant, la RDC l’a fait. Après quatre jours d’épreuves, l’édition 2025 de l’Examen d’État – Exetat pour les Congolais – s’est conclue ce jeudi 31 juillet sur toute l’étendue du territoire, respectant à la lettre le calendrier réaménagé par le ministère de l’Éducation nationale.
Plus d’un million d’élèves concernés, répartis dans plus de 3 100 centres d’examen, ont affronté les classiques disciplines que sont la culture générale, les sciences, les options spécifiques et les langues. Des chiffres qui témoignent, au-delà de leur poids statistique, d’un engagement collectif dans un pays où l’accès à l’éducation reste, dans certaines régions, un parcours d’obstacles.
Zones de conflit, réponses d’État
Ce qui distingue cette session, c’est aussi la manière dont elle a su s’imposer jusque dans les zones les plus instables. À l’Est, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où le M23 et la milice Codeco font encore régner la peur, l’État a maintenu sa ligne : aucune province, aucune école ne devait être exclue.
Dans certains cas, les centres d’examen ont été déplacés afin de garantir la sécurité des élèves. Autre geste fort : la prise en charge des frais de participation pour les candidats issus des zones occupées. « L’éducation ne peut pas être l’otage de la guerre », a rappelé un haut cadre du ministère à Kinshasa, saluant la « résilience des enfants et de leurs enseignants ».
Virage numérique
C’est à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, que le ministère de l’éducation nationale a lancé sa principale innovation de l’année : un centre de correction électronique. Une première en RDC. Objectif : garantir une correction plus rapide, mais surtout plus impartiale. Si cette expérience pilote s’avère concluante, elle pourrait préfigurer une transformation en profondeur de l’Exetat dans les années à venir.
Autre avancée notable : l’introduction du diplôme numérique via la plateforme officielle diplome.cd, permettant aux lauréats d’accéder à leur attestation en ligne. Un pas vers la modernisation d’un secteur longtemps freiné par les lourdeurs administratives.
Cap sur la rentrée
Les résultats sont attendus pour le mois d’août, à temps pour la rentrée scolaire 2025-2026 prévue en septembre. Pour les plus chanceux, ce sera le sésame vers l’université. Pour d’autres, peut-être un premier pas vers le monde du travail. Une transition que les autorités veulent encadrer avec davantage de transparence.
À Kinshasa comme en province, le ton est au soulagement. Le ministre de l’Éducation nationale s’est félicité d’une session « réussie malgré les défis », mettant en avant le professionnalisme du personnel encadrant et l’engagement des candidats.
Mais au-delà des discours, l’Exetat 2025 s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un pays qui, entre conflits récurrents, fragilités institutionnelles et ambition de modernité, tente de faire de l’éducation un rempart contre le chaos.
La Rédaction