
Lubumbashi s’apprête à devenir, du 9 au 12 septembre, l’épicentre d’un débat crucial pour l’avenir de la gouvernance minière congolaise. À l’Espace Muswil, un atelier spécial réunira autour d’une même table le gouvernement, les industriels, les communautés locales, la société civile et les partenaires techniques. Co-organisée par la Chambre des Mines de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-RDC) et le Cadre de Dialogue pour les Investissements Durables au Katanga (IDAK), la rencontre ambitionne de dépasser les discours pour poser les bases d’une feuille de route partagée.
Deux sujets explosifs sur la table
Au cœur des discussions : deux dossiers qui cristallisent les tensions depuis plusieurs années. D’abord, la dotation minimale de 0,3 % du chiffre d’affaires (DOT) et les fameux « Cahiers des charges », censés traduire la contribution des entreprises minières au développement local après la révision du Code minier de 2018. Pensés comme des leviers de redistribution, ces mécanismes peinent encore à produire les effets escomptés, plombés par des blocages administratifs et une gouvernance parfois opaque.
Ensuite, un phénomène plus brûlant encore : l’invasion récurrente des sites industriels par des exploitants artisanaux illégaux dans le Lualaba et le Haut-Katanga. Une pratique qui alimente tensions sociales, pertes économiques et, parfois, affrontements violents.
« Pas de simples obligations »
Pour Kassongo Bin Nassor, président de la Chambre des Mines, l’heure est à la clarification :
« La DOT et le Cahier des Charges doivent être considérés comme de véritables leviers de développement communautaire, et non comme de simples obligations légales », insiste-t-il, appelant à « lever les blocages » et à « proposer des solutions réalistes et durables ».
L’ITIE-RDC, de son côté, voit dans cet atelier un moment charnière pour replacer la transparence au cœur du débat. « Il s’agira d’établir un état des lieux rigoureux et de bâtir une vision partagée de la gouvernance minière au bénéfice des communautés », explique Jean-Jacques Kayembe Mufwankolo, son coordonnateur national.
Vers une nouvelle feuille de route ?
L’ambition affichée est claire : parvenir à un diagnostic lucide de l’application de la DOT et des Cahiers des Charges, proposer des mécanismes concrets pour apaiser la cohabitation souvent houleuse entre industrie et artisanat minier, et renforcer la transparence dans la redistribution des richesses.
À Lubumbashi, l’enjeu dépasse les simples recommandations techniques. Il s’agit de redessiner le contrat social entre l’État, les miniers et les populations locales dans un secteur stratégique qui assure plus de 80 % des exportations du pays.
La rencontre, qui se veut inclusive, pourrait ainsi tracer les contours d’une feuille de route consensuelle, tant attendue dans un secteur miné – au propre comme au figuré – par des conflits d’intérêts et une méfiance persistante.
La Rédaction