RDC : Maître Sylvain Mulimba alerte sur les effets sanitaires de la pollution minière



À l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’homme, l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), en collaboration avec le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, a organisé une conférence-débat autour du thème : « Accès à la justice des communautés locales impactées dans le Haut-Katanga et le Lualaba ».

Cette rencontre scientifique et citoyenne a réuni chercheurs, juristes, étudiants et acteurs de la société civile, avec pour objectif de renforcer la compréhension des mécanismes juridiques permettant aux communautés locales affectées par les activités économiques, notamment minières, de faire valoir leurs droits.

La problématique environnementale au centre des échanges

Parmi les intervenants, Maître Sylvain Mulimba, doctorant en droit des affaires à l’Université de Lubumbashi, a livré une analyse approfondie sur les liens entre exploitation minière, santé publique et droits humains. Son intervention a mis en lumière l’impact des activités extractives sur l’environnement et la santé des populations riveraines, en particulier à travers la pollution des cours d’eau et des sols.

Selon lui, « la quête des minerais stratégiques indispensables à la transition énergétique se fait au prix d’une écotoxicité préoccupante, caractérisée par la présence de métaux lourds et de substances chimiques qui contaminent la chaîne alimentaire ». Il a rappelé que plusieurs rivières du Katanga sont aujourd’hui affectées par des rejets miniers, entraînant la disparition de la faune aquatique et l’exposition des populations à des risques sanitaires majeurs.

Les perturbateurs endocriniens : un enjeu sanitaire et juridique

Maître Mulimba a également attiré l’attention sur la question des perturbateurs endocriniens d’origine minière, des substances capables d’altérer le système hormonal humain. « Ces substances agissent parfois à très faibles doses, mais provoquent des effets graves tels que les cancers hormonodépendants, les troubles de la fertilité, les malformations congénitales ou encore des déséquilibres métaboliques », a-t-il expliqué.

Sur le plan juridique, l’intervenant a souligné que si la législation congolaise consacre le droit à un environnement sain, elle reste encore peu explicite quant à la reconnaissance et à la prise en charge des perturbateurs endocriniens. Il a plaidé pour « l’intégration explicite de cette notion dans le cadre juridique national, avec des seuils environnementaux clairs et des sanctions effectives ».

Accès à la justice et responsabilité de l’État

Au-delà du diagnostic, la conférence a insisté sur la nécessité de faciliter l’accès à la justice pour les communautés locales affectées. Pour Maître Mulimba, « le silence face aux dommages environnementaux n’est plus une option ». Il a appelé à renforcer les capacités des institutions publiques, notamment les services environnementaux et judiciaires, afin de permettre aux victimes d’obtenir réparation.

Il a également mis en avant le rôle des organisations de défense des droits humains et des chercheurs dans l’accompagnement juridique des communautés, soulignant que « la justice environnementale est indissociable de la justice sociale et sanitaire ».

Une conférence tournée vers l’action

À travers cette conférence, l’IRDH a réaffirmé son engagement à promouvoir l’accès à la justice pour les communautés locales du Haut-Katanga et du Lualaba. Les échanges ont permis de dégager des pistes concrètes, notamment la vulgarisation du droit environnemental, la sensibilisation des populations et le plaidoyer pour une meilleure gouvernance du secteur extractif.

En clôture, les organisateurs ont appelé à une mobilisation collective afin que les droits des communautés locales ne restent pas théoriques, mais se traduisent par des actions judiciaires et politiques concrètes, garantes de la dignité humaine et de la protection de l’environnement.

Junior Ngandu

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