
Trois mois après le lancement de leur initiative pour un pacte social en faveur de la paix et du vivre-ensemble, les responsables des Églises catholique et protestante ont présenté ce samedi au président Félix Tshisekedi les premières conclusions de leur démarche. La rencontre, qui s’est tenue à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa, a duré près de deux heures et s’est déroulée dans une atmosphère décrite comme « réceptive et constructive ».
La délégation ecclésiale était conduite par Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, le pasteur André Bokondoa, président de l’Église du Christ au Congo (ECC), et le pasteur Éric Nsenga, secrétaire général de l’ECC.
« Le Chef de l’État a été très attentif à notre message, il nous a écoutés, et nous l’avons aussi écouté », a indiqué Mgr Nshole à la presse.
Vers un groupe de travail conjoint
Au cœur de l’échange : les résultats des consultations internes et internationales menées par les Églises depuis février 2025, avec des communautés congolaises, des organisations de la société civile, mais aussi des partenaires diplomatiques en Afrique, en Europe et aux États-Unis. Une feuille de route en est issue, proposant la mise en place d’un pacte social, jugé nécessaire pour restaurer la cohésion nationale dans un pays confronté à de multiples crises.
Pour aller plus loin, le président Tshisekedi aurait, selon Mgr Nshole, désigné une équipe chargée de poursuivre le dialogue avec les Églises en vue d’étudier la faisabilité de cette initiative.
Une urgence face à la crise sécuritaire
Cette démarche ecclésiale intervient dans un contexte de forte instabilité, notamment dans l’Est de la RDC, où des localités demeurent sous contrôle du M23, soutenu selon Kinshasa par le Rwanda. Les représentants religieux affirment avoir multiplié les actions diplomatiques pour alerter la communauté internationale et appeler à une solidarité concrète en faveur de la RDC.
L’initiative est saluée par une partie de la classe politique. Martin Fayulu, figure de l’opposition, y voit une opportunité de créer ce qu’il appelle « un camp de la patrie », rassemblant au-delà des clivages face à l’agression extérieure. À l’inverse, du côté du pouvoir, certains observateurs perçoivent cette implication des Églises comme une forme d’immixtion dans le champ politique, alors même que des consultations présidentielles sont en cours pour la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Une proposition au carrefour des chemins
Entre approche institutionnelle et mobilisation de la société civile, la proposition de pacte social portée par les Églises met en lumière les divergences de stratégie dans la gestion de la crise congolaise. Mais elle souligne aussi une réalité partagée : l’urgence de refonder un dialogue national, alors que la cohésion et la souveraineté du pays sont mises à rude épreuve.
« Il ne s’agit pas de prendre parti, mais d’ouvrir une voie », a confié un proche du dossier.
La Rédaction