
La scène politique congolaise a été secouée ce lundi 2 juin 2025, par un appel solennel de Martin Fayulu à l’unité nationale. Le président de l’ECiDé (Engagement pour la Citoyenneté et le Développement) s’est adressé directement au chef de l’État, Félix Tshisekedi, lui proposant une rencontre pour sortir la République démocratique du Congo de la « crise existentielle » qu’elle traverse. Un message fort, relayé sur les réseaux sociaux, qui a reçu une réponse positive de la part du président de la République.
Un appel au sursaut national
Dans un discours grave et direct, Martin Fayulu a dressé un constat alarmant de la situation du pays : crise sécuritaire aiguë, effondrement économique, menaces sur l’unité nationale. « Nous vivons sans doute les heures les plus sombres de notre histoire », a-t-il déclaré, dénonçant l’impuissance du pouvoir à contrôler les provinces en proie aux groupes armés : Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Haut-Uele, Bas-Uele.
Fayulu a notamment pointé du doigt la responsabilité du régime actuel, accusant Tshisekedi d’inaction face à la balkanisation rampante du pays. Il a exhorté à une mobilisation collective pour rétablir l’intégrité territoriale, l’État de droit et une gouvernance responsable. Dans un ton à la fois ferme et républicain, il a lancé :
« Monsieur Tshisekedi, vous avez le devoir de ne pas laisser notre génération être celle qui aura vu le Congo se désintégrer. Je veux vous voir, non pour une faveur, mais pour une discussion directe, franche, sans compromission, par pur patriotisme. »
Il a également exprimé son appui à l’initiative des Églises catholique et protestante, en faveur d’un forum national inclusif.
Tshisekedi répond favorablement
Quelques heures plus tard, la réponse de Félix Tshisekedi est tombée. Dans une déclaration relayée par ses proches, le président salue le « patriotisme et le sens d’engagement pour la cohésion nationale » de Martin Fayulu, et se dit disposé à une rencontre « pour sauver la République de la prédation qui menace nos institutions et notre intégrité ».
Cette main tendue marque un tournant dans les relations tendues entre les deux hommes. Depuis l’élection présidentielle contestée de 2018, Fayulu n’a cessé de revendiquer la victoire et de contester la légitimité de Tshisekedi. Ce changement de ton, de part et d’autre, pourrait ouvrir une nouvelle phase politique.
Une crise multiforme comme catalyseur
L’appel de Fayulu intervient dans un contexte de fortes tensions. À l’Est, les combats se poursuivent avec la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda selon Kinshasa. Sur le plan social, l’inflation, le chômage et la pauvreté exacerbent le malaise national. L’opposant évoque un « complot international » contre la RDC, réaffirmant ses préoccupations sur la souveraineté nationale.
Ce n’est pas la première fois que des tentatives de dialogue sont évoquées. En 2019 et 2020, Fayulu avait rejeté toute main tendue de Tshisekedi, dénonçant des « gestes non sincères » et appelant à la résistance. Cette fois-ci, il opte pour une approche plus ouverte, bien que déterminée à ne pas renoncer à ses convictions.
Un dialogue porteur d’espoir ?
Ce possible tête-à-tête pourrait relancer l’idée d’un dialogue national inclusif, comme le souhaitent les grandes confessions religieuses du pays. La réforme électorale, la sécurité à l’Est, la gouvernance et la lutte contre la corruption pourraient figurer à l’agenda.
Mais les divergences profondes entre Fayulu et Tshisekedi — notamment sur la légitimité électorale — risquent de peser lourd. Pour beaucoup d’analystes, seule une volonté sincère de transcender les querelles politiques pourra faire de cette initiative un tournant décisif pour le pays.
Un moment rare de convergence
L’appel de Fayulu et la réponse de Tshisekedi sont salués par certains comme une lueur d’espoir dans un climat politique polarisé. S’ils parviennent à se rencontrer, ce serait une première entre les deux hommes depuis la présidentielle de 2018.
Mais au-delà des symboles, l’attente est immense : les Congolais veulent des actes, pas seulement des discours. En attendant, l’opinion suit avec attention ce qui pourrait devenir un tournant historique ou… un rendez-vous manqué de plus.
La Rédaction