Vital Kamerhe : Le choix de la démission plutôt que l’humiliation ?

Devant un hémicycle suspendu à ses mots, Vital Kamerhe a choisi de trancher lui-même le débat qui secouait l’Assemblée nationale depuis plusieurs semaines. Plutôt qu’un vote risqué et lourd de conséquences, l’ancien président de la chambre basse du parlement a annoncé, solennellement, sa démission ce lundi 22 septembre 2025.

« Convaincu de ce qui précède, et tout en réitérant ma loyauté à la Nation, je voudrais vous annoncer, en toute responsabilité, sans débat ni vote, que j’ai démissionné de mes fonctions », a-t-il déclaré dans un discours empreint à la fois d’émotion et de stratégie politique.

Entre pression politique et manœuvres internes

Depuis le dépôt de la pétition par un groupe de députés réclamant sa déchéance, l’avenir de Vital Kamerhe à la tête de l’Assemblée nationale paraissait compromis. Si l’ex-chef de file de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) dénonçait des « irrégularités » dans la procédure – allant jusqu’à évoquer la présence d’un signataire non-élu parmi les pétitionnaires – il a surtout choisi de ne pas exposer la chambre à un vote qui aurait cristallisé les clivages.

En arrière-plan, les critiques contre sa gestion « solitaire » et les tensions sur les conditions matérielles des députés alimentaient les rangs de ses détracteurs. Pour ses partisans, en revanche, sa mise en cause reflétait davantage des rivalités politiques que de véritables griefs.

Un discours d’apaisement

Plutôt que de céder à la polémique, Vital Kamerhe a voulu se poser en garant de l’unité. « Je prends la mesure du spectre de la division et des clivages qui menacent de fragiliser la cohésion nationale », a-t-il martelé, évoquant la guerre à l’Est et les défis sociaux comme les véritables priorités du pays.

Dans une métaphore biblique, il a comparé l’Assemblée à l’enfant disputé devant le roi Salomon : mieux valait céder pour préserver l’intégrité de l’institution que de risquer de la « diviser en deux ».

Héritage et avenir

Sa sortie de scène marque une étape majeure de sa carrière politique, déjà jalonnée d’épreuves : ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, condamné puis réhabilité, il s’était imposé à nouveau au cœur du pouvoir en prenant la présidence de l’Assemblée en 2024.

En choisissant la démission, Vital Kamerhe préserve son image de « faiseur de compromis » et garde ouverte la porte de ses ambitions futures. « À celui qui me succédera, je souhaite plein succès », a-t-il glissé, tout en appelant les jeunes députés à « travailler avec discipline » et à « vivre pour l’Histoire ».

Une chambre en quête de stabilité

Reste désormais à savoir qui prendra la relève et comment la majorité parlementaire recollera ses fissures. Car derrière cette démission, c’est tout l’équilibre de l’hémicycle – et, par ricochet, celui de la coalition présidentielle – qui est mis à l’épreuve.

En politique congolaise, la fin d’un épisode n’annonce jamais la fin de l’histoire.

Junior Ngandu

Partagez cette information avec vos ami(e)s

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *