Un événement politique majeur s’est produit ce jeudi 5 juin 2025 au Palais de la Nation : le chef de l’opposition, Martin Fayulu Madidi, a été reçu par le président Félix Tshisekedi, mettant ainsi fin à une longue période de silence et de tensions politiques entre les deux hommes.
Cette rencontre intervient 72 heures seulement après que Fayulu a sollicité publiquement un dialogue avec le Chef de l’État. Arrivé à 16h40 précises, le président de l’ECIDé (Engagement pour la Citoyenneté et le Développement) est apparu souriant et détendu, salué avec chaleur par son ancien rival dans le salon des ambassadeurs du Palais.
« Je suis content de vous voir, et nous allons échanger à cœur ouvert », a lancé le président Tshisekedi à son hôte.
Une rencontre placée sous le signe de la cohésion nationale
Martin Fayulu était accompagné d’un cercle restreint de collaborateurs de confiance, dont Devos Kitoko, Prince Epenge, Alex Dende (Lexxus Legal) et Mme Chantal Moboni.
Pendant deux heures d’entretien, les deux hommes ont échangé sur les défis majeurs auxquels la RDC est confrontée. À l’issue de la rencontre, Fayulu s’est exprimé devant la presse dans un ton grave mais résolu : « Le pays traverse une passe très difficile. Nous sommes attaqués de partout. Nous avons besoin de la cohésion nationale. »
L’opposant a plaidé pour la constitution d’un « camp de la patrie », rassemblant les forces vives du pays autour d’un objectif commun : répondre collectivement aux crises sécuritaires, sociales et politiques. Il a notamment proposé un dialogue élargi avec les évêques de la CENCO et les responsables de l’ECC, dans le cadre du pacte social initié par ces confessions religieuses.
« Le Président a promis de répondre rapidement », a-t-il confié, sans entrer dans les détails.
Pas d’alliance gouvernementale en vue
Interrogé sur une éventuelle participation de son parti au gouvernement, Martin Fayulu a tranché : « Ce point n’a pas été abordé. »
Ce démenti vient calmer les rumeurs d’un rapprochement opportuniste, à un moment où le pays s’interroge sur les reconfigurations politiques post-électorales.
Une page politique en train de se tourner ?
Ce tête-à-tête inédit marque une rupture par rapport à six années de tension, depuis la réunion de Genève en novembre 2018, où Fayulu et Tshisekedi avaient brièvement tenté une alliance, avant une séparation douloureuse. Depuis lors, Fayulu avait incarné une opposition frontale, contestant même la légitimité du président.
Aujourd’hui, le climat semble évoluer, laissant entrevoir une possible convergence patriotique. La démarche de réconciliation amorcée ce 5 juin pourrait ouvrir la voie à une nouvelle dynamique de dialogue, dans un contexte national particulièrement tendu.
Junior Ngandu