RDC: Graves soupçons de détournement à l’ARSP, Miguel Katemb Kashal dans la tourmente

Depuis sa nomination en novembre 2022 à la tête de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) en République démocratique du Congo (RDC), Miguel Katemb Kashal s’est imposé comme une figure incontournable dans la mise en œuvre de la vision du président Félix Tshisekedi, axée sur la promotion de l’entrepreneuriat local et la création d’une classe moyenne congolaise. Mais aujourd’hui, des accusations de détournement de fonds publics, portées par l’ONG ASSOMIP et relayées par une lettre officielle du directeur de cabinet du chef de l’État, jettent une ombre sur son mandat.

Une institution au cœur de la stratégie économique

Créée pour encadrer et réguler la sous-traitance dans l’économie congolaise, l’ARSP joue un rôle central dans l’accès des entreprises locales aux marchés stratégiques, notamment dans les secteurs minier, des télécommunications et des infrastructures. À sa tête, Miguel Katemb, ancien député provincial et ex-ministre des Infrastructures du Haut-Katanga, a été choisi pour son expérience et sa proximité avec le chef de l’État.

Depuis sa prise de fonction, il a mené plusieurs initiatives fortes : contrôle rigoureux des entreprises, résiliation de contrats non conformes, vulgarisation de la loi sur la sous-traitance à travers le pays, ou encore mobilisation de la jeunesse. En 2023, il s’était notamment illustré en sanctionnant des géants comme Sicomines pour non-respect de la législation, allant jusqu’à annuler des contrats d’un milliard de dollars. Mais cette image de réformateur est aujourd’hui mise à rude épreuve.

Des accusations lourdes et une enquête en cours

Le 27 mai 2025, une lettre du cabinet du président Félix Tshisekedi, adressée à Miguel Katemb, a été rendue publique. Elle confirme qu’une enquête est ouverte à son encontre pour des soupçons de détournement de plusieurs millions de dollars. L’ONG ASSOMIP (Association pour la Moralisation de la Vie Publique) accuse le directeur général de l’ARSP de mauvaise gestion et d’irrégularités financières graves.

Ces révélations ont déclenché une avalanche de réactions. Tandis que certains dénoncent un système opaque et une tentative de museler les lanceurs d’alerte, d’autres rappellent les réalisations de Katemb et soulignent son refus allégué d’un pot-de-vin d’un million de dollars proposé par des entrepreneurs chinois, ce qui lui avait valu une réputation d’homme intègre.

Il convient de rappeler que les tensions internes à l’ARSP ne datent pas d’hier. Dès avril 2023, plusieurs agents et cadres de l’établissement accusaient Miguel Katemb de gestion chaotique, dénonçant un climat de confusion et de favoritisme. Ils avaient alors demandé sa suspension auprès du ministre de tutelle, estimant qu’il s’écartait de la vision présidentielle.

Une épreuve pour la gouvernance

À ce jour, ni Miguel Katemb ni l’ARSP n’ont officiellement réagi aux allégations ni à la lettre du cabinet présidentiel. Toutefois, dans un briefing tenu en mars 2024, le DG s’était déclaré déterminé à faire respecter la loi et à lutter contre les pratiques telles que le système de prête-nom, qui permet à des entreprises étrangères d’opérer sous couvert d’entrepreneurs congolais.

Cette affaire tombe à un moment où la RDC affiche sa volonté de renforcer la transparence et la redevabilité dans la gestion des affaires publiques. L’ARSP, pilier de cette stratégie de transformation économique, voit sa crédibilité remise en question. Si les accusations sont avérées, elles mettraient en lumière des failles dans les mécanismes de contrôle et de supervision des institutions publiques.

À l’inverse, si Miguel Katemb est blanchi, il pourrait sortir renforcé de cette tempête, avec une légitimité accrue dans son combat pour une économie congolaise plus inclusive.

Une affaire à suivre de près

Les graves soupçons de détournement qui pèsent sur Miguel Katemb Kashal, renforcés par une intervention directe du cabinet présidentiel, placent l’ARSP au cœur d’un scandale politico-financier majeur. En attendant les résultats de l’enquête, l’opinion reste partagée entre admiration pour les réformes entreprises et inquiétude face à une possible dérive de gestion.

Quelle que soit l’issue de cette affaire, elle aura des conséquences sur l’avenir de la sous-traitance en RDC, la confiance des entrepreneurs, et la mise en œuvre de la vision du président Tshisekedi en matière de bonne gouvernance.

La Rédaction

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