
Face à la polémique grandissante autour de sa dernière mesure, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a tenu à clarifier sa position. Ce jeudi, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, son président Christian Bosembe a apporté des précisions sur l’interdiction faite aux médias de diffuser ou relayer toute communication du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), ainsi que de son autorité morale, l’ancien président Joseph Kabila.
Devant un parterre de journalistes nationaux et internationaux, Christian Bosembe a souligné que la mesure ne vise pas à interdire la mention du nom de Joseph Kabila, mais plutôt à proscrire « toute forme d’apologie de ses activités », dans le contexte de la sanction prononcée à l’encontre du PPRD.
« La démocratie a une valeur inestimable, mais elle ne doit pas être confondue avec l’anarchie. Elle ne peut servir de prime à la délinquance », a martelé le président du CSAC, tout en assurant que « la décision respecte scrupuleusement la Constitution et n’enfreint aucune liberté fondamentale ».
Une mesure exceptionnelle dans un contexte délicat
Reconnaissant le caractère controversé de la décision, Christian Bosembe a rappelé que des mesures similaires ont été prises dans d’autres pays, parfois considérés comme plus démocratiques que la RDC, en période de crise.
> « Il y a des précédents dans l’histoire politique mondiale. Face à certaines menaces, des décisions conservatoires sont nécessaires. »
Le président du CSAC a également tenu à dissiper toute impression de ciblage unique du PPRD :
« Il ne s’agit pas d’une fixation. Le PPRD n’est pas le seul concerné. Mais c’est aujourd’hui le cas emblématique. C’est lui qui, pour l’instant, focalise l’attention. »
Pour illustrer son propos, Bosembe a comparé cette décision à la désignation de groupes influents sur la scène géopolitique mondiale :
« Il n’y avait pas qu’Al-Qaïda dans le terrorisme, mais c’est ce réseau qui a été indexé à un moment donné en raison de son influence. C’est exactement la même logique ici. »
Un enjeu de régulation démocratique
Au-delà du cas du PPRD, le CSAC affirme inscrire son action dans une démarche de préservation de l’ordre démocratique et de régulation du débat public, estimant que certains discours peuvent compromettre la stabilité nationale ou promouvoir des attitudes déviantes vis-à-vis des institutions.
« Ce que nous faisons, c’est notre travail, et c’est dicté par la loi. Nous n’avons rien inventé », a conclu Christian Bosembe.
Dans un climat politique déjà tendu, cette sortie médiatique vise à apaiser les critiques et à replacer le rôle du CSAC dans son cadre légal. Mais la décision continue de susciter des débats au sein de l’opinion, des partis politiques et des défenseurs des libertés.