Durant trois jours, la ville minière de Fungurume a accueilli un atelier stratégique sur la transparence dans le secteur extractif. Objectif : vulgariser les conclusions du rapport ITIE-RDC 2022 et renforcer la redevabilité des institutions locales.
Du 7 au 9 mai 2025, le guest house La Confiance à Fungurume (Lualaba) a réuni un panel éclectique composé de représentants d’entreprises minières, de services étatiques et d’organisations de la société civile. Ce huis clos, organisé sous la houlette de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-RDC), s’inscrivait dans la campagne nationale de dissémination du rapport 2022, avec l’appui du projet ENCORE, financé par la Banque mondiale via le COREF.
Préparer la validation de 2026
À quelques mois de la prochaine évaluation de la mise en œuvre de la norme ITIE en RDC (prévue en janvier 2026), l’exercice se veut plus qu’une simple restitution : c’est un test de maturité pour la gouvernance extractive du pays. « Après la publication du rapport, l’étape cruciale, c’est la dissémination. Nous sommes venus à Fungurume pour partager les données avec les parties prenantes et nourrir un débat public », explique Patrick Katuta, chef d’antenne ITIE-RDC à Lubumbashi et animateur de la session.
Le rapport ITIE 2022 met en lumière les flux financiers issus de l’exploitation minière et pétrolière, les paiements effectués par les entreprises, les revenus perçus par les entités territoriales, et les obligations de redevabilité des institutions locales. À Fungurume, les projecteurs ont été braqués sur la chefferie des Bayeke et la commune rurale, principales bénéficiaires de ces revenus.
Une société civile plus aguerrie
Du côté des organisations communautaires, l’atelier a été accueilli avec intérêt. Fidèle Yamuno, représentant de la société civile locale, y voit une opportunité stratégique. « Ces informations, nous allons les restituer à nos communautés et les partager avec les leaders qui n’ont pas pu participer. Nous sommes désormais mieux outillés pour aborder le deuxième cahier des charges avec TFM », déclare-t-il, en référence au renouvellement de l’accord quinquennal entre la population et l’entreprise Tenke Fungurume Mining.
Au-delà des chiffres, les discussions ont permis de sensibiliser les participants à leur rôle dans la redevabilité ascendante. En d’autres termes, les citoyens disposent désormais des éléments nécessaires pour demander des comptes aux autorités locales et aux entreprises minières.
Traçabilité, certification, participation
Le projet ENCORE, qui soutient de telles initiatives dans 18 villes du pays, vise à améliorer le recouvrement des recettes minières et la gestion des dépenses publiques. Parmi les priorités évoquées : la certification des revenus, la traçabilité des flux financiers et le renforcement du dialogue avec les communautés impactées.
Dans un contexte où les recettes issues du secteur extractif demeurent une ressource vitale pour les finances publiques, l’implication citoyenne apparaît comme un levier essentiel contre la corruption et la mauvaise gouvernance. « J’ai été agréablement surpris par la qualité des échanges. Cela montre que les communautés veulent s’impliquer davantage dans le suivi des ressources naturelles », confie Patrick Katuta.
Vers une gouvernance plus inclusive
Alors que le rapport ITIE 2023 est attendu dans les prochains mois, les attentes sont fortes. Les participants à l’atelier de Fungurume ont formulé plusieurs recommandations : améliorer la lisibilité des rapports, faciliter l’accès aux données pour les citoyens et renforcer la participation des communautés locales à toutes les étapes du processus.
Dans cette région stratégique, où cohabitent intérêts miniers et préoccupations sociales, le rendez-vous de Fungurume marque un jalon dans la quête d’une gouvernance extractive plus transparente et inclusive. À condition que les engagements se traduisent, à terme, en actions concrètes sur le terrain.
Junior Ngandu