RDC : Jules Alingete cède les rênes de l’Inspection générale des finances à Christophe Bitasimwa Bahii

Après cinq années passées à la tête de l’Inspection générale des finances (IGF), figure de proue de la lutte anticorruption en RDC, Jules Alingete est remplacé par Christophe Bitasimwa Bahii. Un changement stratégique à la veille d’une nouvelle étape dans la gouvernance publique congolaise.

Par une série d’ordonnances rendues publiques le 7 mai 2025, le président Félix Tshisekedi a réorganisé l’un des organes clés de son appareil de contrôle : l’Inspection générale des finances. À la tête de cette structure rattachée à la présidence, Christophe Bitasimwa Bahii a été nommé Inspecteur général des finances, en remplacement de Jules Alingete Key. Il sera assisté par Emmanuel Tshibingu Nsenga, promu Inspecteur général adjoint.

Cette double nomination intervient dans un contexte politique et institutionnel particulier. Alors que Félix Tshisekedi entame un second mandat marqué par les promesses de rigueur et de gouvernance, ce changement à la tête de l’IGF confirme la volonté de réajuster les leviers de contrôle étatique, tout en consolidant les acquis de la première mandature.

Fin de cycle pour Jules Alingete

Admis officiellement à la retraite, Jules Alingete est arrivé en juillet 2020 et s’est imposé comme l’une des figures les plus en vue du régime Tshisekedi. À coups de rapports incisifs, d’enquêtes sur les détournements de fonds publics et d’interventions médiatiques percutantes, il a bâti une image d’intransigeance qui a autant séduit que dérangé. Son mandat a été marqué par un renforcement du rôle de l’IGF, avec le recrutement de dizaines d’inspecteurs et l’instauration de mécanismes de suivi des finances publiques dans les administrations et entreprises publiques.

Mais après cinq ans d’exercice, l’homme, parfois accusé de faire de l’ombre à d’autres institutions de contrôle ou d’entretenir une certaine personnalisation de la fonction, quitte ses fonctions, officiellement sans tumulte.

Le pari de la continuité

Peu connu du grand public, Christophe Bitasimwa Bahii hérite d’une institution qui, sous Alingete, a profondément marqué le paysage administratif congolais. Sa mission sera double : rassurer les partenaires nationaux et internationaux sur la continuité de la politique de redevabilité, et imprimer sa propre marque au sein d’une IGF désormais centrale dans la gouvernance économique du pays.

Aux côtés de son adjoint, Emmanuel Tshibingu Nsenga, il devra également faire face à des attentes élevées : poursuivre la traque aux détournements, renforcer les capacités opérationnelles de l’institution, et éviter les écueils d’une politisation des enquêtes.

Enjeux politiques

Ce changement de cap à l’IGF intervient alors que les regards sont tournés vers les grandes réformes structurelles promises par Tshisekedi pour ce second quinquennat. La crédibilité des institutions de contrôle, à l’instar de la Cour des comptes ou de l’IGF, est cruciale pour regagner la confiance d’une population souvent désabusée par l’impunité chronique.

Dans cette optique, le choix de profils relativement discrets pour succéder à Alingete pourrait être interprété comme une volonté de privilégier l’efficacité technique à la posture médiatique.

Reste à voir si Bitasimwa et Tshibingu parviendront à répondre aux attentes, à l’heure où la RDC est engagée dans des négociations cruciales avec les bailleurs de fonds et tente de réformer en profondeur sa gestion des ressources publiques.

La Rédaction

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